« Pour moi, le sport, c’est la base. C’est la base du lien intergénérationnel, interracial, intercommunautaire. »
Le 30 novembre 2023, le MoHo accueillait Ronny Turiaf pour une conférence co-organisée avec la Caisse d’Epargne. Ex-champion de NBA, ambassadeur NBA Jr et entrepreneur, Ronny est revenu sur son parcours atypique et inspirant. De son enfance à ses débuts de basketteur, en passant par sa consécration en tant que champion NBA avec les Miami Heat, Ronny Turiaf nous partage son histoire dans un échange passionnant avec Olivier Cotinat, co-fondateur de MoHo.
14 – 22 ans : des premiers pas sur le terrain au Los Angeles Lakers
A l’âge de 14 ans, son médecin qui lui prédit sa grande taille (Ronny mesure 2.05 mètres) l’encourage à s’intéresser au basket. Ses débuts (sic) sont plutôt modestes mais son entraîneur M. Saint-Ange Vebobe le motive à se passionner pour ce sport “un environnement où [il] se sentait pour la première fois à l’aise.” Une année plus tard, à ses 15 ans, Ronny intègre alors l’INSEP (l’Institut National du Sport, de l’Expertise et de la Performance) avec une génération exceptionnelle de jeunes basketteurs français comme Boris Diot et Tony Parker. L’entraînement et les études rythment son quotidien jusqu’à ses 18 ans où il s’envole aux Etats-Unis. Ces 4 années à Gonzaga – dans l’Etat de Washington – vont devenir une étape clé de son parcours puisqu’à 22 ans, il est repéré par les Los Angeles Lakers.
Un problème cardiaque et qui va nécessiter une intervention chirurgicale va cependant freiner momentanément son entraînement auprès des Los Angeles Lakers. Ronny y voit aussi une opportunité aujourd’hui car pendant deux mois et demi, il observer les entraînements depuis le banc. « ça a été pour moi une sorte de deuxième chance de pouvoir intégrer cette équipe et d’avoir le luxe de ne pas jouer, mais d’observer. ». C’est ensuite que Ronny commencera à jouer pour l’équipe. Le début d’une épopée qui va durer 2 ans.
C. Steenkeste/Presse Sports
Apprendre auprès des plus grands
Ronny a démarré sa carrière auprès de l’entraîneur Phil Jackson qui, selon lui, est remarquable par son intelligence émotionnelle « Il savait comment gérer 15 fous furieux dans son équipe en s’intéressant à chaque joueur et à leur fonctionnement respectif. »
Ronny cite alors l’un de ses souvenirs lors d’un match à Houston, avec le coach « On perdait un match […] et je m’en rappelle tout le temps, on perd de 22 points […] et on arrive sur le banc pour un temps mort médiatique de 2 minutes. Et il arrive et il dit, – mais les gars, vous savez quoi faire. Vous savez prendre les bons choix. Vous savez tout faire. Vous avez décidé de ne pas faire les bons choix. Donc vous faites face au résultat. – Phil était quelqu’un qui nous mettait face à nous-mêmes tout en nous instaurant cette confiance qu’il avait en nous. Et pour moi, ce sont tous ces ingrédients qui faisaient qu’il était spécial. ».
Détermination, amélioration, concentration, compartimentalisation
Ronny est revenu sur l’importance de la détermination et de l’amélioration continue dont il s’est nourri aux côtés de grands noms du basket comme Kobe Bryant, Stephen Curry ou encore LeBron James. La notion de progression passe par une régularité, un rythme et une cadence.« En s’entraînant 3 ou 4 heures de plus que les autres sur un jour ce n’est pas beaucoup, mais sur plusieurs années cela marque vraiment la différence » Kobe Bryant.
Il a pu alors assimiler diverses notions comme la capacité et la faculté de concentration, de compartimentalisation des choses, la capacité de rebondir après des échecs et des défaites. L’échec faisant partie du quotidien des basketteurs, il « doit être vu comme une opportunité d’implémenter des solutions, de trouver des solutions à des problèmes. »
Laker kobe Bryant#24 celebrates with Ronny Turiaf#21 as the Lakers beat the Spurs 89-85 during game one of the Western Conference Finals between the San Antonio Spurs and the Los Angeles Lakers May 21, 2008 at Staples Center in Los Angeles. (SGVN/Staff Photo Keith Birmingham/Sports)
Une carrière et une passion qui absorbe tout.
Ronny aborde ensuite la transition entre sa carrière de basketteur et sa vie après celle-ci. En tant que basketteur, il se décrit comme une personne « autocentré » puisqu’il « se devait de l’être pour [se] donner les meilleures chances de ne pas être distrait ». Il confie que cela lui a aussi coûté car il a dû renoncer à de nombreux projets dont il avait envie. Le basket absorbait toute son attention (entraînement, préparation, études…) jusqu’à impacter ses relations humaines.
Aujourd’hui, il estime être plus ouvert et curieux et « beaucoup moins stressé ». En prenant sa retraite, il s’est fixé un objectif, celui de « suivre le chemin de son cœur ». Il est parti en sac à dos en voyageant dans une dizaine de pays, « juste pour pouvoir prendre le temps que je n’ai pas pu prendre pendant 20 ans. ». Aujourd’hui « il a l’impression de se rajouter du temps », de « s’en créer ».
Faire que les gens se rencontrent sans aucune appréhension et juste avec une ouverture d’esprit et de cœur.
« Mes parents se sont séparés quand j’avais l’âge de 8 ans. Jusqu’à l’âge de 19-20 ans j’ai toujours voulu que mes parents se remettent ensemble. Ça aurait été la pire des choses, mais je l’ai toujours voulu. Donc il y a toujours ce sentiment qui est en moi, depuis tout petit, où j’ai eu une aversion totale […] pour la communication qui n’est pas claire entre les gens, ça me rend fou et j’ai souvent été celui qui fait en sorte que tout le monde soit sur la même longueur d’onde ».
En multipliant les rencontres avec des personnes qui l’inspirent, il fait le constat que « chaque personne qui veut ou qui a accompli des choses avait un certain sentiment de solitude ou une envie de connexion profonde ». Pris – comme il l’a été – dans la spirale de leur travail, ils ne trouvent pas toujours ces parenthèses où s’exprimer. Ronny offre alors ces endroits et ce temps pour se rencontrer, partager et créer des experiences nouvelles. « C’est ça ce que je veux faire, continuer à cultiver des espaces où les gens se rencontrent sans aucune appréhension et juste avec une ouverture d’esprit et de cœur ».
Image par Martin Büdenbender de Pixabay