« La seule valeur, c’est la paix, c’est-à-dire pas de guerre du tout »
Alors que se fêtera le 6 juin 1944, les 80 ans du Débarquement, nous avons reçu Colette, résistante, née le 25 avril 1929. Elle a vécu la Seconde Guerre mondiale en Normandie et une partie de son histoire a fait l’objet d’un court métrage qui a obtenu un Oscar. Nous avons eu l’honneur de l’accueillir lors d’un MoHoTalks où l’émotion a de nombreuses fois parcouru la salle. Ce fut une séquence où la mémoire a été partagée auprès des plus jeunes, un moment de transmission essentiel et à découvrir.
Le 6 juin 1944
Colette avait presque 16 ans à l’époque le 6 juin 1944, jour du débarquement en Normandie. « Tout le monde me demande ça depuis trois ans. Qu’est-ce que vous avez fait le 6 juin ? Rien. Comme toutes les autres femmes, je préparais à manger le soir« . Cette réponse illustre la banalité des tâches quotidiennes, même en des moments historiques. Cependant, elle partage une anecdote particulière : vers 17h30, elle a vu un side-car allemand avec un officier gravement blessé cherchant désespérément à éviter Bayeux, déjà libéré, pour rejoindre Paris.
Colette souligne que malgré les événements extraordinaires, la vie ordinaire continuait. « La vie ordinaire, elle a continué tous les jours pour tout le monde ». Elle décrit comment, même sous les bombardements, les tâches domestiques ne s’arrêtaient pas. « On entendait déjà les bombardements sur le Havre… Et moi, je faisais la vaisselle ». Cette réalité quotidienne montre la résilience et la normalité que les civils essayaient de maintenir malgré la guerre.
Devenir Résistante
Lorsqu’on lui demande comment elle est devenue résistante, Colette explique que cela faisait partie de son héritage familial et de son environnement. « Je pense qu’on devient résistant comme on naît avec les yeux bleus ou les yeux jaunes. Dans ma famille… nous n’étions pas du tout contents de voir des étrangers venir s’installer chez nous ». Elle raconte que son engagement dans la résistance a commencé de manière simple, en notant les numéros des camions allemands transportant des munitions, puis en livrant des lettres et en guidant des travailleurs du STO vers des refuges sûrs.
Colette partage plusieurs anecdotes de son temps dans la résistance, illustrant l’importance des petites actions et de la discrétion. « Il n’y a pas d’héroïsme là-dedans. Vous portez une enveloppe, vous revenez avec la même enveloppe, vous allez juste traverser le pays ». Elle se souvient aussi comment son père avait saboté leur voiture pour empêcher les Allemands de la réquisitionner. « Mon père a mis environ trois litres d’essence dans le réservoir et a percé le réservoir avec un poinçon. Je regrette de ne pas avoir vu la tête de l’officier allemand qui a dû tomber en panne ».
Après la guerre, Colette décrit les difficultés rencontrées en rentrant chez elle, trouvant leur maison occupée et endommagée. « À 16 ans… j’ai dû mordre dans tous les moyens d’existence que j’ai pu rencontrer ». Elle raconte comment elle a emprunté une échelle pour réparer le toit de leur maison elle-même. « J’ai été emprunter une échelle de couvreur à Madame Marie, dont le mari était prisonnier, pour pouvoir monter et boucher les trous ». Elle a également fait de la couture, du repassage et divers autres métiers pour subvenir aux besoins de sa famille.
« La seule valeur, c’est la paix, c’est-à-dire pas de guerre du tout ».
Colette parle des valeurs importantes qu’elle a apprises durant cette période, notamment l’importance de la paix et du respect. « La seule valeur, c’est la paix, c’est-à-dire pas de guerre du tout ». Elle critique également la montée du néo-nazisme et de l’antisémitisme dans le monde actuel, en soulignant l’importance de la tolérance et du respect mutuel « J’ai un mépris extraordinaire pour les meneurs qui embarquent la jeunesse dans des espèces de haine ».
Pour la génération actuelle, Colette invite à travailler dur et de ne pas compter sur l’aide des autres pour réussir. « Vous devez vous mettre à travailler comme si vous ne pouviez pas compter sur l’indulgence, la compréhension et la gentillesse de papa, maman, l’oncle, la tante, les grands-parents, et le gouvernement, et l’État, et la préfecture ». Elle insiste sur l’importance de l’autonomie et de la persévérance, soulignant que ces qualités leur donneront une force invincible. « Lorsque vous ne devez rien à personne, vous y arriverez. Ne vous trompez pas, c’est une force extraordinaire ».
Elle a rappelé tout au long de l’échange l’importance de la tolérance et du respect mutuel, tout en les encourageant à rester déterminer et à travailler dur pour atteindre leurs objectifs. Son témoignage offre une perspective précieuse sur les défis et les résiliences de la vie en temps de guerre, ainsi que des leçons intemporelles sur le courage et la détermination.
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