Jeudi 4 avril 2024, l’Assemblée Nationale a voté avec 186 voix pour et 0 voix contre et en première lecture une proposition de Loi visant à restreindre la fabrication et la vente de produits contenant des substances per- et polyfluoroalkylés (PFAS), également connues sous le nom de « polluants éternels ».
Crédit : AFP
Le sujet paraît évident, mais en réalité, il ne l’est pas. Les PFAS représentent une classe de substances chimiques très utilisées dans les produits domestiques, car elle permet d’ignifuger ou d’imperméabiliser des objets. C’est donc une famille de composés chimiques synthétiques très prisés par de nombreux industriels et son interdiction correspond à une restriction chimique majeure.
Pourtant ces PFAS, parce que justement imperméabilisant, ne disparaissent pas. Pire, ils provoquent des risques majeurs pour la Santé. Selon l’ANSES, ils accélèrent une augmentation du taux de cholestérol, cancers, effets sur la fertilité et le développement du fœtus, sur le foie, sur les reins, etc.
Par son aspect contraignant, cette Loi doit accélérer cette démarche. Certaines industries ont déjà commencé à enclencher des modifications profondes de leur process, mais l’enjeu reste crucial et engage plusieurs milliers d’emplois.
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Cette Loi est le résultat d’une coalition d’acteurs, incluant des générations différentes, des politiques, des entrepreneurs, des scientifiques, des journalistes, des citoyens, des communes et des influenceurs coopérant pour que soit proposée et votée cette proposition essentielle pour la santé et la biodiversité.
Que retenir de ce qui a été réalisé ?
Un point déjà : le fait scientifique alors qu’il est régulièrement remis en cause, discuté, contrarié… Ce fait scientifique qui sort de la notion d’avis ou de supposition ou même d’hypothèses pose un constat, qui doit être indiscutable pour pouvoir rallier. Etienne Klein, dans un MoHoTalk questionnait la vulgarisation de la Science, car son “appropriation” permettrait à tous d’en discuter les conclusions. Concernant le PFAS, un travail immense a été réalisé. Par des organisations engagées, comme Génération Futures, qui depuis 2021, alertent sur ces dangers.
Ensuite, par une enquête collaborative de plusieurs journaux européens dont Le Monde (France), NDR, WDR et la Süddeutsche Zeitung (Allemagne), Radar Magazine et Le Scienze (Italie), The Investigative Desk et NRC (Pays-Bas)…
Cette enquête a convaincu des organisations, des associations et des acteurs de la société civile de s’engager. Elles ont relayé, reporté, travaillé chacune dans leur cercle d’influence.
En parallèle, l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) a enclenché un travail de fond pour identifier spécifiquement les risques. Cette séquence, longue, forcément contrainte, a permis de sensibiliser les citoyens, les entreprises, les organisations et les politiques. Se sont construits en parallèle des regroupements d’acteurs incluant des entreprises, qui soit ont sensibilisé davantage à ces risques soit ont imaginé des solutions nouvelles.
L’enjeu n’est pas ici de démontrer toute la mécanique de sensibilisation, de lobbying et d’actions qui a été réalisée, mais plutôt d’illustrer à quel point, dès lors qu’un fait devient indiscutable, il permet de créer des coopérations pour aboutir à des résultats concrets impactants.
Cette Loi est donc l’aboutissement d’une démarche complexe, collective et engagée.
Ce que je retiens personnellement de cette séquence :
- Chaque action, chaque voix qui s’élève en faveur du changement inspire et motive les autres à agir. En cultivant une culture de collaboration et de coopération, nous pouvons surmonter les défis les plus complexes et ouvrir la voie à un avenir plus juste et durable pour les générations à venir.
- La diversité des disciplines est essentielle pour aborder ces défis de manière exhaustive. Les solutions ne viennent pas d’un seul domaine, mais de la convergence des connaissances scientifiques, technologiques, sociales, économiques et culturelles. En créant des espaces où les experts de différents domaines peuvent échanger, travailler, collaborer, nous sommes mieux équipés pour élaborer des stratégies innovantes et durables.
- L’intergénérationnel existe et c’est une force incroyable. Il y a eu dans cette démarche des mouvements rassemblant plusieurs générations unies par une même ambition. Il y a ici quelque chose qu’il faut poursuivre et c’est aussi l’engagement qu’on porte avec MoHo4Young.
Grâce à leur collaboration, des progrès significatifs ont été réalisés, avec l’adoption d’une loi historique en France interdisant ces substances dans divers produits, démontrant que lorsque nous nous unissons, nous pouvons créer un changement réel et durable.
En combinant nos forces et nos perspectives, nous pouvons transformer les obstacles en opportunités et ouvrir la voie à un avenir plus sain et plus sûr pour l’ensemble des êtres vivants.
Engageons-nous à être des agents de changement, à travailler main dans la main pour construire un monde où la prospérité est partagée, où la nature est respectée et où chaque individu a l’opportunité de s’épanouir.
Anna Mojżesz – Responsable Communication MoHo & MoHo4Young