A l’occasion de la semaine européenne de la mobilité et dans le cadre de sa coalition mobilité durable, MoHo vous propose une série d’articles et d’interviews sur les changements de comportements de mobilité sur les trajets domicile-travail, en lien avec l’organisation du travail et l’accompagnement au changement d’habitudes.
Gilles Picard est dirigeant de la société Conseil et Accompagnement en Performance Sociale et participe à la Coalition Mobilité Durable en tant qu’expert en qualité de vie et des conditions de travail (QVCT). Nous vous proposons de découvrir à travers son expertise les liens entre les démarches de mobilité bas carbone sur le domicile-travail en entreprise et la QVCT.
Comment garantir l’équité et l’inclusion de tous les salariés dans le projet mobilité ?
La question de la mobilité durable ne doit pas accroître une fracture entre les urbains et les non urbains. L’entreprise doit éviter de promouvoir une seule solution comme le vélo, qui exclut les salariés éloignés du site de l’entreprise et peut générer un sentiment d’inéquité. L’entreprise peut avoir plusieurs axes de réflexion pour inclure tous les profils de salariés :
- favoriser le covoiturage pour les salariés qui habitent loin,
- encourager la multimodalité (bus et vélos peuvent être utilisés sur le même trajet),
- donner des solutions d’organisation vie professionnelle/vie personnelle : mise en place de partenariats avec des crèches qui se situent à proximité du site de la structure, des conciergerie d’entreprise pour éviter les trajets annexes, etc.
La question de la multimodalité et de son inclusivité est indépendante de l’entreprise car elle ne décide pas de la localisation des arrêts de bus ou des gares. Cependant, les collaborations multiacteurs entre entreprises, collectivités territoriales et acteurs solutions des transports en commun sont essentielles afin de connaitre les besoins des salariés et adapter les offres de transports en commun et autres infrastructures de mobilité bas carbone sur le territoire.
Quel rôle pour le dialogue social dans la réussite du projet mobilité ?
Les acteurs du dialogue social sont des acteurs importants dans le cadre de la mobilité car le mobilité entre maintenant dans le cadre des Négociations Annuelles Obligatoires (NAO). La direction et les représentants du personnel doivent être formés sur les enjeux de la mobilité durable (enjeux environnementaux et sociétaux, enjeux financiers et extrafinanciers pour l’entreprise).
Le côté transversal des questions mobilité rend le dialogue social très important dans l’avancement du projet. En effet, cela peut toucher à des questions d’organisation du travail donc à des questions de fonctionnement interne. L’allocation d’un budget mobilité impacte les autres postes de dépense de l’entreprise (notamment les salaires). Les démarches mobilité peuvent venir bousculer le dialogue social, et la sensibilisation à l’intérêt de traiter cet enjeu ne suffira pas forcément à garder un climat social stable.
C’est pourquoi la question mobilité doit s’inscrire dans des climats d’entreprises qui ont déjà résolu des problèmes “vitaux” sur la rémunération, le temps de travail, la qualité de vie et des conditions de travail, les questions de risques psychosociaux et de tensions relationnelles. L’entreprise doit avoir acquis un certain niveau de “maturité” sur ces sujets pour avancer sur le sujet mobilité.
Comment s’assurer que le projet mobilité ne dégrade pas le climat social de l’entreprise ?
Tout dépend du contexte des démarches mobilité mises en place. Pour que l’entreprise s’engage de façon sereine dans le projet mobilité, il faut passer par une phase de sensibilisation de la direction, des représentants du personnel, des managers et des salariés car tous les enjeux autour de la mobilité bas carbone ne sont pas acquis par toutes les parties prenantes au départ. Cela permettra d’appréhender tous les enjeux qui vont concerner les salariés, éventuellement les changements sur l’organisation du travail, mais aussi de percevoir les enjeux pour l’entreprise, le territoire et le climat.
Si un accord mobilité est signé, l’accord doit être en cohérence avec les attentes de chaque acteur de l’entreprise. Un accord mobilité peut ne pas avoir d’incidence particulière et viser à récréer du lien en termes de dialogue social, d’où l’importance de la phase de sensibilisation en amont pour que chaque acteur ait les mêmes informations.
L’entreprise doit ainsi être vigilante à différents enjeux liés au projet mobilité. Celui-ci ne peut réussir que si toutes les instances de l’entreprise sont sensibilisées et inclues dans ce projet.
Découvrez la suite de cette série d’articles avec les interviews de Sonia de Abreu sur l’importance de l’accompagnement au changement pour encourager les transitions comportementales des salariés sur les trajets domicile-travail.
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Clémence Pille, interview de Gilles Picard