A l’occasion de la semaine européenne de la mobilité et dans le cadre de sa coalition mobilité durable, MoHo vous propose une série d’articles et d’interviews sur les changements de comportements de mobilité sur les trajets domicile-travail, en lien avec l’organisation du travail et l’accompagnement au changement d’habitudes.
Gilles Picard est dirigeant de la société Conseil et Accompagnement en Performance Sociale et participe à la Coalition Mobilité Durable en tant qu’expert en qualité de vie et des conditions de travail (QVCT). Nous vous proposons de découvrir à travers son expertise les liens entre les démarches de mobilité bas carbone sur le domicile-travail en entreprise et la QVCT.
Quels sont les liens entre QVCT et mobilité domicile-travail ?
La QVCT présente des enjeux qui impactent la mobilité domicile-travail, notamment :
- l’organisation du temps de travail,
- l’articulation entre vie personnelle et vie professionnelle.
Ces deux thématiques sont des interfaces entre les questions de QVCT et les questions de mobilité domicile-travail. La politique de mobilité (les incitations, la communication) doit prendre en compte les contraintes liées à l’activité et à l’organisation du temps de travail.
La réorganisation du travail a un impact sur l’articulation entre vie professionnelle et vie personnelle, qui détermine ensuite le choix des modes de déplacements des salariés selon leurs horaires et leurs contraintes personnelles liées à ces trajets (dépose et récupération des enfants, courses, loisirs, etc.).
Comment lier le projet mobilité et les questions d’organisation du travail ?
Le projet mobilité peut être traité de façon transversale dans l’entreprise en lien avec l’organisation du travail :
- travailler sur un projet mobilité peut être une des conditions d’amélioration de la QVCT (santé, bien-être en arrivant et en repartant du travail grâce aux mobilités active),
- travailler sur la QVCT peut favoriser la décarbonation de la mobilité, avec un aménagement des horaires permettant de prendre les transports en commun,
- des mentions sur la mobilité durable peuvent apparaitre dans les différents accords de l’entreprise (accord télétravail, accord QVCT, etc.),
- les questions de mobilité durable peuvent être travaillées dans le cadre de réorganisation d’espaces de travail, de la mise en place du télétravail ou de la semaine de 4 jours, etc.
L’entreprise doit trouver un juste milieu entre les solutions qu’elle peut proposer pour améliorer la QVCT et favoriser la mobilité durable. Par exemple, la semaine de 4 jours peut être une solution pour diminuer le nombre de trajets domicile-travail, mais l’entreprise doit rester vigilante à la charge de travail que cela procurera aux salariés sur les 4 jours travaillés et faire une distinction avec une semaine “en” 4 jours.
Comment l’entreprise peut gérer la diversité dans l’organisation du travail dans son projet mobilité ?
L’entreprise doit avoir en tête que son projet mobilité doit être inclusif pour fonctionner. Chaque secteur a des contraintes d’activité qui engendrent une diversité des horaires et des modalités de fonctionnement. Le temps de l’entreprise qui fonctionne de 9h à 17h toute l’année est révolu. Les cadres horaires diffèrent en fonction des services, et la production fonctionne sur une grande amplitude horaire. C’est “l’asynchronie” du temps.
L’entreprise doit réaliser un diagnostic de départ qui permettra de connaitre les réalités en termes de mobilité et de fonctionnement dans l’entreprise, qui montrera une certaine diversité.
Cette diversité horaire doit être intégrée dans le projet mobilité car les solutions apportées par l’entreprise doivent prendre en compte ces contraintes. L’entreprise ne peut pas promouvoir une solution unique, comme le vélo qui serait plus adapté aux collaborateurs qui travaillent aux horaires en journée, et moins pour des collaborateurs qui commencent très tôt le matin.
Modifier l’organisation du travail peut-il contribuer à décarboner la mobilité domicile-travail ?
L’entreprise dispose de plusieurs possibilités pour modifier l’organisation du travail et favoriser la décarbonation de la mobilité de ses salariés : semaine de 4 jours, flex office, télétravail, souplesse horaire, etc.
L’enjeu de souplesse horaire soulève la question de l’autonomie donnée aux salariés et implique que le management accepte cette autonomie, et que les salariés commencent plus tard si les horaires de bus ne conviennent pas avec l’horaire de prise de poste définit par l’entreprise.
Cette souplesse dans l’organisation du travail représente notamment une source d’attractivité sur le marché du travail pour les jeunes générations.
C’est à l’entreprise d’arbitrer entre ces enjeux de QVCT et de performance de l’entreprise.
Lancer un projet mobilité améliore-t-il la qualité de vie et des conditions de travail des salariés ?
Il n’y a pas de relation mécanique entre mobilité durable et QVCT : le projet mobilité n’améliore pas mécaniquement la QVCT, et inversement.
Le flex office, le télétravail ou encore la souplesse horaire peuvent permettre un réorganisation du travail, faciliter l’organisation pour ceux qui habitent loin du site de l’entreprise, améliorer l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, et favoriser l’utilisation d’alternatives à la voiture individuelle. Mais les deux premières solutions obligent la structure à réfléchir aux conditions de travail données à ceux qui travaillent à distance.
Ces solutions soulèvent également des questions pour les managers et leur capacité à gérer ces organisations du travail hybrides entre le présentiel et le distanciel.
Comment inciter les employeurs à faire des liens entre le projet mobilité et l’organisation du travail ?
Il faut des coordinations qui dépassent le cadre de l’entreprise. Le sujet mobilité domicile-travail nécessitent des collaborations multiacteurs, entre les entreprises, les Autorités Organisatrices de la Mobilité (AOM), les acteurs solutions du transport bas carbone et les agences de développement des territoires.
Découvrez la suite de cette série d’articles avec l’interview de Gilles Picard sur les clés d’un dialogue social sain et de l’inclusion dans le projet mobilité d’entreprise.
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Clémence Pille, interview de Gilles Picard